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Restauration de la Maison Ancienne + Conservation des Monuments historiques - Journal
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Karolina Fischer Edit Piaff Editha Edita Piaffe
Edith Piaf
Sa vie et ses chansons
(TPE / Travail personnel encadré - Facharbeit von Karolina Fischer im Unterrichtsfach Französisch am Meranier-Gymnasium Lichtenfels 1/2008)
Table des matières
1. Introduction
2. Les chansons d’Edith Piaf en relation avec sa vie en général
2.1 L’enfance et la jeunesse
2.2 Les débuts du succès
2.3 Les années de la Seconde Guerre Mondiale
2.4 Edith Piaf aux Etats-Unis
2.5 La dégradation continue de la santé
3. L’attitude d’Edith Piaf envers l’amour à travers des chansons choisies
3.1 Une interview avec Mme Piaf
3.2 Les chansons expliquant sa façon d’aimer
3.2.1 « Monsieur Lenoble »
3.2.2 « Ça gueule ça, Madame »
3.2.3 « Demain (il fera jour) »
4. Conclusion: « Non, je ne regrette rien »
5. Littérature
6. Annexe
1. Introduction
Elle arrive, avec un air gêné d'être si petite, la tête dans les épaules, la
démarche en canard (...) mais pas intimidée pour deux sous (...) Elle s'arrête au bord du piano, contemple la
salle avec un regard sans expression et chante. (...) D'abord, quoique prévenu, on ne fait pas attention... Et puis cette voix,
cette voix froide de la couleur des huîtres (...), cette voix indéfinissable, rauque et ample, à la fois
ordinaire et unique – mais unique -, cette voix humide, enrhumée, encore enfantine et déjà
désespérée vous prend au creux du ventre, inexorablement (...).
En lisant ces mots admiratifs d'un auditeur présent lors les
premières représentations de la Piaf, il est plus
facile à comprendre pourquoi on l'a votée entre
les dix personnalités les plus fameux de la France dans une émission de télévision
française. Pendant sa vie relativement courte de 47 ans,
elle représentera ou enregistra environ 300 chansons, dont
30 écrites par lui-même. Dans ce qui suit, je vais
analyser dans quelle mesure certains événements
biographiques et son attitude par rapport à l'amour
l’ont influée au choix des textes de ses chansons.
2. Les chansons d’Edith Piaf en relation avec sa vie en général
2.1 L'enfance et la jeunesse
Edith Giovanna Gassion naquit à l'hôpital Tenon
à Paris le 19 décembre 1915. Son
père est acrobat et sa mère n’exerce
pas de métier, elle grandit donc dans une famille
très pauvre. Comme sa mère Anetta Maillard
Gassion l’abandonne à l’âge de
sept ans et son père Louis Gassion ne peut pas
s’occuper d’elle, Edith va d’abord vivre
à la maison close de Bernay, où sa
grand-mère travaille comme cuisinière.
C’est là qu’elle attrape un mal de
cornée et va presque perdre la vue à cause de
cette maladie. Plus tard, Edith sera convaincu que Sainte
Thérèse est venu à son aide pour la
sauver et va la vénérer pendant toute sa vie.
Après la guérison, elle va à l'école à Bernay. Elle est
gâtée par les prostituées, qui pensent
que cela porte bonheur que d’avoir un enfant dans la maison
close. Mais le séjour confortable d’un an finit
quand son père commence à l'emmener à
ses tours dans le nord de la France et en Belgique. Edith
l’accompagne alors et mène une vie dans les rues des villes jusqu'à l’âge de 15 ans.
En 1930, ils reviennent à Paris, mais ils seront désormais à trois: A l’âge de
49 ans, Louis Gassion a fait la connaissance d'une fille de 22 ans par
annonce, et le 8 mars 1931, son amante Georgette l'Hôte donne
naissance à une fille, Denise. Edith est jalouse de sa
demi-sœur parce qu’elle n’est plus le seul centre d’intérêt de son
père et reste ainsi marquée par l’abandon par sa mère. Elle quitte le petit
hôtel dans la Rue Belleville pour être plus indépendante.
Avec sa copine Simone Berteaut, qui accompagnera Edith pendant beaucoup
de périodes difficiles - et qui fera beaucoup d'argent en
écrivant un livre sur Edith après sa mort - elle
vit de travaux occasionnels et en chantant dans les rues de Paris.
C'est pendant ce temps qu’elle rencontre son premier amour,
Louis Dupont, qui la voit chanter et va aller habiter avec elle. Sa
fille Marcelle naîtra en 1933. Malheureusement, Louis n'a pas
d'emploi. Par conséquent, ils ne peuvent pas payer le loyer.
Edith s'enfuit donc avec Marcelle, confie sa fille à une
amie et recommence à chanter dans la rue avec Simone, aussi appelée Momone. Pendant
l’été de 1935, la petite Marcelle Dupont meurt de Méningites. Ne pas ayant assez d'argent pour
l'enterrement, elle doit le demander aux amis les plus proches.
La chanson Sérénade du pavé, qu'elle va chanter pour la première fois en 1954, laisse
renaître l'atmosphère de ce temps-là. Le texte tourne autour d'un homme pauvre qui demande à une
femme inconnue une aumône en la suppliant: « fais-moi la charité » (vers 12). Des extraits
comme « Si quelque jour, je deviens riche » ou « Si j'avais au moins un château » (vers
18 et 21) transmettent les désirs des démunis de la société, qui certainement concordent avec
celles d'Edith pendant ce temps difficile de sa vie. Pourtant, quant à elle, c’est que ces désirs se sont
réalisés plus tard. La chanson contient d’ailleurs aussi quatre vers (couplet 3 : «
L'amour, vois-tu, moi, je m'en fiche. Ce n'est beau que dans les chansons. Si quelque jour, je deviens riche, on m'aimera bien sans
façons. ») qui se réfèrent déjà aux problèmes qui se poseront
seulement après, c’est-à-dire quand elle sera célèbre et riche (cf. 2.2). Elle va
donc devoir apprendre à distinguer entre les vrais amis et ceux qui sont seulement avides de son argent.
2.2 Les débuts du succès
Sur le chemin d'une grande carrière, Edith Piaf allait pourtant d’abord profiter de et être
influencée par deux hommes – Louis Leplée et Raymond Asso.
Un après-midi d'octobre 1935, Edith chante au carrefour de la rue Troyon et de l'avenue Mac-Mahon. Louis Leplée, le
patron d'un restaurant-cabaret entend la voix de cette fille d'à peine vingt ans, il s'arrête,
écoute et lui offre un contrat. Le moment est arrivé où la Piaf commence à sortir du
rôle d’une fille des rues et à devenir
une star célèbre. Comme elle a la disposition de
savoir tout faire sans trop de peine, il lui faut écouter
des chansons comme Les Mômes de la Cloche ou La Valse brune
trois fois seulement avant de les chanter sans fautes.
Toujours habillée de chanteuse de la rue, portant un
pullover qui n’a qu’une manche, elle
s’impose sans problèmes lors sa
première représentation au Gerny's, le cabaret de
Leplée, et reçoit l'acceptation du public
critique de cet établissement. Louis Leplée, qui
pour Edith sera toujours le « papa Leplée
», la soutiendra pendant un certain temps, mais
malheureusement, il mourra précocement quand quatre jeunes
hommes cambriolent son appartement et le tuent d'un coup de feu.
Pendant la période difficile qui suit, Edith fait la
connaissance du librettiste Raymond Asso. A ce moment-là,
elle a déjà chanté une de ses
compositions, Mon amant de la Coloniale. Il va devenir une des
personnes les plus importantes de sa vie et peut-être la plus
importante quant à sa carrière. La Piaf est
encore peu professionnelle à l’époque
et Asso a beaucoup de choses à lui apprendre. Il lui
enseigne les gestes, la modulation et tout ce qu’il lui faut
encore pour être une chanteuse qualifiée. En plus,
les deux tombent amoureux, et Asso quitte une autre femme à
cause d’elle. C'est aussi Raymond Asso qui écrira
beaucoup de ses textes, comme celui de Paris-Méditerranée ou Elle fréquentait
la rue Pigalle, et Edith l'appelle « mon poète
». Très ambitieux, Asso réussit
à recevoir un contrat chez A.B.C. pour Edith en mars 1937,
le cabaret sur le boulevard Poissonnière. C'est la
première fois qu'elle chante devant un public
véritablement grand. C’est à partir de
ce soir qu’elle est une star et qu’elle deviendra un mythe.
2.3 Les années de la seconde guerre mondiale
L’invasion allemande de la Pologne en 1939 provoque le
début de la seconde guerre mondiale. A Paris, cela n'a
d’abord pas de conséquences sensibles. La vie
continue, et pendant qu'Asso combat pour la France, Edith fait la
connaissance de Paul Meurisse, tombe amoureuse et va habiter avec lui.
Elle entre aussi en contact avec le poète
célèbre Jean Cocteau, qui s’inspire de
la relation entre Edith et Paul pour sa pièce Le bel
indifférent – et les deux amants jouent aussi les
rôles principaux. Cocteau montre son admiration profonde en
déclarant que « Madame Piaf a du génie,
elle est inimitable. Il n'y a jamais eu d'Edith Piaf et il n'y en aura jamais plus! ».
Pendant le temps de l’occupation, il fallait être
prudent en ce qui concerne les textes de chansons. Par hasard, un jour,
un disque avec une chanson d’Edith datant de 1936, Il n'est
pas distingué, passe dans un programme de Pierre
Hiégel. Heureusement, cela n’a pas de
conséquences – ni pour elle, ni pour
l'écrivain du texte, ce qui est d’autant plus
étonnant qu’elle contient le passage «
Moi, Hitler, je l'ai dans l'blair, et je peux pas l'renifler, les nazis
ont l'air d'oublier, qu'c'est nous, dans la bagarre, qu'on les a
zigouillés... », ce qui montre ouvertement le
mécontentement par rapport à la politique de
Hitler. Avec cette phrase, Edith exprime certainement les sentiments de
la plus grande partie des Parisiens à cette époque.
Quant au choix de ses chansons, Edith tient à raconter une
histoire ou exprimer une ambiance. C’est pourquoi, entre
autres, Edith jouit d’une telle admiration et compte parmi
les dix personnalités les plus fameuses en France. Elle sait
choisir les thèmes qui touchent et qui donnent à
réfléchir. En choisissant parfois des textes
écrits en français populaire ou même
argotique (« l'blerre », vers 53; «
l'fouign'dé », vers 62), Edith essaie de ne pas
trop s’éloigner du peuple en tant que chanteuse
fameuse, elle veut plutôt que celui-ci puisse s'identifier
avec elle. Elle montre ainsi qu'elle est du côté
des citoyens en ce qui concerne la lutte contre les nazis. Ou comme le
dit Paul Meurisse, « [e]lle a trouvé des chansons
qui respiraient à une certaine hauteur mais qui
étaient quand même populaires. »
Tout comme le passage de Il n'est pas distingué, d’autres chansons de la Piaf font voir la haine pour Hitler
et les nazis, mais elles insistent aussi sur d’autres
aspects. C’est le cas de Où sont-ils, tous mes
copains?, qui parle de tous les hommes qui sont partis pour faire la
guerre comme s'il s'agissait d'êtres proche d'elle. C'est
ainsi que la chanson communique une consternation personnelle d'Edith
par rapport à tous ces « gars d'vingt ans
» (vers 18) étant appelés sous les
armes sans remède et sans espoir de rentrer sain et sauf ou
même rentrer tout court. En énumérant
plusieurs quartiers ou villages d'origine de ces garçons
(« Saint-Cloud », « Villette »,
« Ménilmontant »), elle met d'une part
l'accent sur la quantité importante de jeunes hommes
étant partis pour faire la guerre, mais d'autre part elle
insiste encore sur le fait qu'elle 'vit' elle-même cette
situation, étant donné qu’il s'agit de
lieux près d'elle. Dans le troisième couplet,
elle se réfère explicitement à
« un petit gars de Saint-Cloud » (vers 21) qui lui
plait beaucoup, et elle lui accorde une plainte encore plus
personnelle. On a l'impression – et c'est d'ailleurs bien
possible – que Paul Meurisse, qui entre
l’armée pendant sa relation avec Edith, se cache
derrière ce personnage. Dans le quatrième
couplet, le refrain change du pluriel (« Où
sont-ils, tous mes copains ») au singulier («
Où est-il, mon p'tit copain »), ce qui renforce
encore une fois l'impression d'une consternation individuelle quoique représentative.
Pourtant, dans le troisième couplet, le passage «
Je sais qu'un jour, les gars d'un peu partout reviendront »
(vers 43 et 44) aussi bien que dans la version finale du refrain
(« Les voilà mes p'tits copains »), elle
communique l'espoir et la confiance imperturbable si typique pour elle
: Une fois qu'elle s'ait définie un but, elle ne
l'abandonnera jamais, ce qui lui donne de la force surtout pendant les
périodes les plus difficiles. Ce trait devient surtout
évident pendant ce temps de guerre. A la fin de
l'année 1943, par exemple, elle est une fois de plus
confrontée au problème de l'alcoolisme, un
problème héréditaire de la part de sa mère et suscité chez elle par sa
grand-mère qui lui avait donné de l'alcool pour
la calmer quand elle était encore petite. Mais cela ne
l'empêche pas de s'engager pour les prisonniers. Sous le
prétexte d'une tournée aux camps des prisonniers
français en Allemagne, Andrée Bigard, sa secrétaire et membre de la Résistance,
réussit à procurer des papiers falsifiés à de nombreux prisonniers,
protégée par Edith et sa popularité. Dans ce contexte, elle ose même représenter la
chanson Où sont-ils, tous mes copains et faire
apparaître la tricolore au fond de la scène en
chantant le dernier « Les voilà! », ce
qui donne l'impression qu'elle soit enveloppée des couleurs
nationales françaises. Les spectateurs,
impressionnés, se lèvent, l'accompagnent en
chantant ou bien pleurent tout émus. Cela
n'étonne personne que la censure allemande interdise toutes
les représentations suivantes. En somme, Edith supporte les
évènements de la guerre en chantant des chansons
qui tournent autour de cette guerre et qui en même temps se
révoltent contre elle, dont Mon Légionnaire, Mon
ami de la Coloniale ou Le Fanion de la Légion.
Les hommes et l'amour y sont toujours mêlés :
C'est vers la fin de la guerre qu'un nouvel homme apparaîtra
dans sa vie, Yves Montand, chanteur au Moulin Rouge. Les deux tombent
amoureux, et Edith se met immédiatement à le
remodeler à sa manière. Après avoir
persuadé Henri Contet d'écrire des chansons pour
lui, elle veut qu'il change de style et de caractère,
exigeant une subordination absolue. Après avoir
joué ensemble dans le film Etoile sans lumière de
Marcel Blistène en 1945, Yves devient lui-même une star – et elle le quitte.
2.4 Edith Piaf aux Etats-Unis
Contrairement à Montand, qui va la pleurer encore longtemps,
Edith fait la connaissance d'autres hommes. Elle entre en contact avec
les Compagnons de la Chanson, un groupe de neuf chanteurs populaires en
toute l’Europe à l'époque. Edith
chantera Les trois cloches avec eux, et ils joueront ensemble dans le
film Neuf garçons, un cœur.
Lors une tournée aux Etats-Unis avec eux, Edith fait la
connaissance de Marcel Cerdan, un boxeur célèbre
et invincible à l'époque. Ce n'est pas le coup de
foudre, l'amour entre les deux se développe lentement. Bien
que Cerdan ait une femme, Marinette, à Casablanca,
il entame une liaison avec Edith, et cela sera la seule relation
à laquelle la Piaf, lui-même, ne mettra pas un
terme. Ses amis ne l'ont jamais vue plus heureuse, elle se retient
même en se soumettant à son partenaire. Mais en
Octobre 1949, la malchance survient : Un avion d'Air France
s'écrase avec Marcel à bord. Aucun passager ne survivra.
Le temps après sa mort est marqué de la tristesse
profonde d’Edith. Pour pouvoir continuer, les admirateurs et
amis lui donnent de la force. Simone Berteaut essaie de lui aider en
faisant tourner les tables ensemble, et Edith a parfois l'illusion
d'être en contact avec Marcel. Cette situation ce
reflète dans la chanson La fête continue. Elle se
compose d'un refrain qui parle d'une fête sans fin et de trois couplets énumérant les
différents types du mauvais destin. Le premier parle de gosses avec un « père » qui
« est malade » et une « mère » qui « est partie »
(vers 6). A cause de la musique qui vient d'une fête,
personne ne se rend compte de leurs cris. En voilà une
référence cachée à la vie
d'Edith: Quand la mère l'avait quittée, une tante
l'a retrouvée seule et endormie dans l'appartement, juste
par hasard. C'est que ni la mère ni le père
s'occupaient de la petite fille. Le deuxième couplet parle
d'une veuve qui a tout perdu, son mari aussi bien que son fils. La
parallèle dans la vie de la Piaf est évidente.
Après avoir perdu sa fille Marcelle, elle perd son grand
amour Marcel. Mais « La fête continue...
» (réfrain, vers 4), la vie continue. Le
troisième couplet parle des vieux qui « ont perdu
leur fille depuis vingt-cinq ans » et qui « n'ont
qu'une marotte: faire tourner les tables » (vers 30, 31).
C'est là un commentaire autocritique et amère,
comme faire tourner les tables avec Simone est devenu une habitude pour
elle après l'accident de Marcel. Dans le dernier refrain,
elle fait appel à l'amour en remplaçant le mot
« chansons » par « amour ».
L'amour, c'est le seul moyen contre l'égoïsme, et
ce dernier est explicitement critiqué dans cette chanson.
La chanson Tous les amoureux chantent traite le thème de
deux amoureux dont l'un meurt d'un accident. Il s'agit de Suzon et
Jean-Pierre, qui « chantent à leur
manière des chansons de la rue ». Quand
Jean-Pierre meurt (« C'est Suzon, qui court
éperdue sans Jean-Pierre... » vers 32, 33), le
refrain change de « dans la rue, tous les amoureux chantent
» à « dans la rue, tous les amoureux
pleurent ». Là encore, Edith Piaf critique
l'égocentrisme de la foule qui « se moque des
amoureux (...), qui meurent dans la rue » (dernier refrain,
vers 49 et infra). Bien qu’Edith ait de nombreux vrais amis,
comme Lou Barrier, Raymond Asso, Charles Aznavour et Charles Dumont (on
voit l'importance surtout des hommes dans sa vie), elle demande une
compassion plus général et n'accepte pas que l'on vive sans s'occuper des autres.
2.5 La dégradation continue de la santé et la mort
Au début de 1950, Edith enregistre 18 chansons, comme - entre autres - Hymne à l'amour avec un texte
écrit par lui-même et la musique composée par Marguerite Monnot.
Mais bien qu'elle devienne de plus en plus célèbre, Edith succombe encore au
problème de son alcoolisme. A cette époque, elle rencontre l'acteur américain Eddie Constantine. Comme elle
le trouve irrésistible, elle le séduit. Une liaison de deux années commence. Eddie va dire
après qu'Edith ne tient pas à l'amour corporel. Convaincu du fait qu'aucun homme ne puisse résister au
charme d'Edith, Constantine assume qu'Edith voulait se venger des hommes de sa jeunesse, en séduisant tour à tour
les hommes les plus bels et les plus importants. Cette impression s'inscrit dans une observation plus
générale, c'est-à-dire dépassant ses relations amoureuse,
résumé par Bruno Coquatrix de la manière suivante: « Elle s'est vengée
toute sa vie d'une jeunesse épouvantable ! »
A l’âge de 37, Edith n'est pas encore mariée et veut sortir de cette situation. Après
plusieurs tentatives, elle se décide pour Jacques Pills,
chanteur célèbre et gagnant du Grand Prix du Disque en 1932. Elle l'épouse en juin 1952, le mariage
à l'église s'ensuit à Saint Vincent de
Paul à New York. Marlene Dietrich, une bonne amie d'Edith
depuis son premier séjour aux Etats-Unis, sert de
témoin et s'occupe de l'organisation. Mais il est toujours
difficile de maintenir un mariage quand les deux mariés sont
fameux et voyagent dans le monde entier. C'est pourquoi ils divorceront en 1957, pourtant sans grands drames.
Quant aux chansons de cette phase de sa vie, Edith a l'air d'avoir
atteint le sommet de la perfection. Elle chante entre autres Bravo pour
le clown, Les amants d'un jour et L'homme au piano, toujours
avec le même succès. Surtout Je ne regrette rien
va devenir une de ses plus fameuses et plus belles chansons.
Après une courte liaison avec le compositeur Charles Dumont,
celui-ci lui restera fidèle en formant partie du cercle de
ses amis les plus proches. Edith joue aussi dans plusieurs films, comme
par exemple Si Versailles m'était conté ou Les amants de demain.
Mais contrairement à sa vie professionnelle, la vie
personnelle se dégrade de plus en plus. Elle n'arrive plus
à contrôler sa passion pour l'alcool, tout en
continuant de donner des concerts au public, qui deviendra ainsi le
témoin des effets dévastateurs de la drogue. A
cause de plusieurs petits accidents de voiture et de nombreuses
attaques de rhumatisme, la dégradation de sa
santé s'aggrave. Edith s'affaiblit de plus en plus. Pour
pouvoir apparaître devant son public au début de
l'année 1961, il lui faut toujours une injection de Coramin.
Ses jambes et pieds sont enflés, et il faut qu'on la porte
de la scène à sa chambre. Bien qu'elle
réussisse tout de même à chanter son
programme entier, sa voix ne s'impose plus. En octobre 1962, Edith
épouse Theo Sarapo, coiffeur d'origine grec. Au lieu
d'entamer un séjour à
l’hôpital pour qu’elle se repose, Edith
prend le peu de temps qui lui reste pour donner une formation de
chanteur à son mari. Elle tient à ce
qu’ils peuvent chanter A quoi ça sert, l'amour en
duo. Malgré toute la force dont elle dispose donc
évidemment encore, Edith Piaf meurt le 12 Octobre en 1963.
Deux millions personnes assistent à son enterrement. A l'en
croire ces adhérents, « Edith Piaf n'est
heureusement jamais morte, ni pour la science, ni pour la chanson. Il
s'agit d'une apothéose. »
3. L´attitude d´Edith Piaf envers l´amour
à travers des chansons choisies
3.1 Une interview avec Mme Piaf
« Vous chantez toujours l'amour; ç'a beaucoup
d'importance pour vous? C'est pas qu'un mot, pour vous, l'amour?
»
Mme Piaf: « Non, ça fait partie de la chanson.
»
« Et de votre vie aussi? »
Mme Piaf: « De ma vie! »
« Il y a beaucoup d'amours dans votre vie? »
Mme Piaf: « Oui, sans amour on ne vit pas. »
« Vous n'en regrettez aucun? »
Mme Piaf: « Non. »
« Même ceux qui vous ont
déçue? »
Mme Piaf: « Personne ne m'a déçue au
fond. »
« Pourquoi? »
Mme Piaf: « Mais parce que c'était moi qui
fabriquais les personnages. Alors, ils étaient tels que je
voulais qu'ils soient. »
« Et lorsque c'est fini? »
Mme Piaf: « J'arrête de me faire du cinéma. »
3.2 Les chansons expliquant sa façon d'aimer
3.2.1 Monsieur Lenoble
Comme Edith joue souvent le rôle de la femme qui quitte son
amant, cette valse de Michel Emer sur un certain Monsieur Lenoble qui
« est très triste depuis que sa femme l'a
quitté » (vers 1, 2) lui va bien. Il est pourtant
intéressant qu’Edith y chante depuis la
perspective d’un homme délaissé par une
femme qui se suicide. Cela montre qu'elle n'est pas une femme froide et
qu’elle ne quitte pas ses amants sans scrupules,
puisqu’elle se montre capable à se mettre
à la place de l'homme.
La raison pour ses ruptures fréquentes est
mentionnée dans l'interview citée plus haut: Elle
« se fait du cinéma » au
début et ne reconnaît pas le vrai
caractère de l’homme en question. A partir du
moment où ils vivent ensemble, la vie réelle ne
concorde pas son image. C’est qu’Edith se trompe
souvent quant au caractère de l'homme en question. Elle
l'admire, elle l'aime, et dès qu’il montre son
vrai naturel, elle l'abandonne. A la question s'il y a un homme qui l'a
plus marquée que d'autres, Mme Piaf répond en
mettant l’accent sur la valeur de la
sincérité: « Hélas, je ne
peux pas dire de noms. Il y en un, oui [c'est Marcel Cerdan]. Parce
qu'il était vrai aussi. Il était
sincère. Un qui n'était pas comme les autres.
Alors, je l'ai vraiment aimé dans le vrai sens du mot. »
Persuadée qu’elle soit totalement franche
elle-même, pour Edith, c’est toujours
l’homme qui est responsable pour leur liaison
ratée. Elle n’est pas belle au sens classique,
mais attire les hommes à cause de son énergie. Et
quant à elle, elle se laisse séduire facilement
et a donc des difficultés à être
fidèle. Il n’y a qu’Yves Montand et
Marcel Cerdan auxquels elle l’ait été
vraiment. En 1936, le temps du début du succès,
elle a même trois amants en même temps: Pierrot,
rencontré dans un bar; Léon, rencontré
dans la rue; René, rencontré au cabaret. Quand
ils l'apprennent, l'histoire finit mal, puisque les trois hommes sont
fâchés et René lui enverra des menaces
encore 20 ans après.
Il faut dire quand même qu'on ne sait pas si les journalistes
n'ont pas exagéré pour profiter du scandale. Pour
défendre Edith, on pourrait aussi avancer en sa faveur que
sa vie était marquée de périodes
difficiles et chaotiques et que, comme tous les gens riches et
célèbres, elle avait des difficultés
de distinguer entre l'admiration, l'égoïsme et
l’amour sincère.
3.2.2 Ça gueule, ça, Madame
Dans cette chanson – écrite par
elle-même et Gilbert Bécaud pour Jacques Pills
– Edith Piaf se moque de soi-même. Bien que le
mariage avec Jacques soit décrit de manière
humoristique, voire même ironique, l'attitude de la
maîtresse Edith dans la chanson correspond bien avec celle de
l’Edith réelle, puisque Ça gueule,
ça, Madame traite un conflit entre Edith et Jacques. Edith
est présentée comme très dominante,
parce qu’ « on n'entend qu'elle dans la maison
» (vers 11), et elle dit: « Faudrait pas croire que
tu me fais peur! » (vers 16) pour que Jacques ne pense
guère que « Je vais lui donner raison! » (vers 28).
Cet aspect la marque plus que d’autres: Tous les amis
confidents devaient organiser leurs journées
d’après le déroulement de celles
d’Edith. Comme elle préférait
d'être active pendant la nuit et de dormir le jour, la
santé de quelques-uns de ses amis a même souffert
considérablement. Eddie Constantine et Charles Aznavour, par
exemple, devaient l'accompagner au film Le troisième homme
17 fois, parce que ce film plaisait si bien à Mme Piaf
qu'elle voulait en découvrir tous les détails. Le
peintre Douglas Davis, un amant de six mois en 1959, compte parmi les
rares hommes qui s’exprime sur ses difficultés
à déployer la servilité requise par la
Piaf, et il dit même: « Je ne l'ai plus supporté. »
Mais bien qu’Edith ne respecte pas trop les désirs
de ses amis, en ce qui concerne l'argent, c'est toujours elle qui paie
l'addition au restaurant, parfois pour vingt personnes. Elle
n’autorise pourtant personne à consommer de
l’alcool dans sa présence. Ceux qui ne respectent
pas cette loi risquent de ne plus jouir de sa soutenance financière.
Malgré tout, elle semble être consciente du fait
qu’il est difficile de ne pas l’aimer tout de
même. C’est ainsi que Jacques s’exprime
dans le dernier couplet : « Je la reprends tout contre moi et
je l’enferme dans mes bras... » (vers 51, 52) .
Cela concorde avec la déclaration d’Eddie
Constantine qu'aucun homme ne lui peut résister.
Surtout le vers 19 « Ça bouge, ça crie,
ç'est tout furieux » montre le
tempérament d'Edith, qui explique aussi le volume
extraordinaire de sa voix. On sait que surtout pendant sa relation avec
Paul Meurisse il y avait des conflits véhéments
régulièrement, finissant souvent avec de la
vaisselle cassée ou des rires aux éclats.
Mais le dernier mot est toujours à Edith: «
Jacques!!! Tu viens, oui ?!... » (vers 60).
3.2.3 Demain (il fera jour)
Demain il fera jour. C'est quand tout est perdu que tout commence.
Demain il fera jour. Après l'amour, un autre amour commence.
Cette chanson montre la grande confiance au bien, à
l'espoir, à la volonté forte et à
l'optimisme indestructible, qui concordent exactement avec l'attitude
d'Edith Piaf et avec sa déclaration dans l'interview (cf.
3.1), d'après laquelle elle n'a pourtant jamais
été déçue par l'amour.
Cette force est aussi la cause pour laquelle elle puisse longtemps
résister à sa maladie et continuer à
donner des représentations. En 1959, le temps de plusieurs
collapsus sur stage, Maurice Chevalier lui rend visite à
l’hôpital, et il est tellement surpris qu'elle
semble ne pas se sentir mal et plaisante tout le temps. A la question
comment elle réussit à se remettre si bien avoir
gardé le lit si longtemps, elle répond:
« J'en crois simplement. »
En ayant passé par de rudes épreuves comme jeune
fille, Edith ne supporte pas d'être seule pendant toute sa
vie. Un amoureux relaye toujours l'autre. Après la relation
avec Louis Dupont à l’âge de 17 ans, il
n'y a aucune phase de sa vie sans amant. La suite des liaisons continue
donc sans interruption, tout comme dans la chanson «
après l'amour, un autre amour commence. » (vers 5,6).
Dans un questionnaire publié dans Music-Hall, no59 en 1960,
la grande valeur de l’amour pour Edith devient évident:
« Laquelle est votre devise? »
« Aimez! »
« Si vous devrez donner un conseil à une femme,
lequel serait-il? »
« Aimez! »
« Et à une jeune fille? »
« Aime! »
« A un enfant? »
« Aime! »
parce que « Dans ton coeur brisé pour toujours, il reste encore de l'amour. » (vers 20, 21)
4. Conclusion: Non, je ne regrette rien
Non, rien de rien, non, je ne regrette rien
Ni le bien qu'on m'a fait, ni le mal
Tout ça m'est bien égal
Non, rien de rien, non, je ne regrette rien
C'est payé, balayé, oublié, je me fous du passé
Comme beaucoup de textes de la chanson française, ce texte de Charles Dumont sur une femme qui ne veut pas penser au
passé et qui repart toujours à zéro va parfaitement avec la façon de vivre d'Edith Piaf. Dans une interview avec Paul Giannoli, elle dit que tous les
évènements amoureux de sa vie lui ont enseignés de nouvelles expériences et qu’elle n'a jamais été déçue. Elle a jouit de sa vie, il n'y a rien
à regretter. Et si elle avait la possibilité de commencer à nouveau, elle ferait tout de la même
façon. Edith a profité de sa vie au maximum, et
non pas seulement pour soi-même, mais aussi pour en donner
aux autres. C’est que Marcel Cerdan dit: « Ce que
tu fais, Edith, est meilleur que ce que je fais car tu leur apportes le
bonheur et l'amour. » Elle a rendu des millions de
gens heureux, car « sa voix qui contenait tant de
détresse et tant de tourments était une voix
d'amour. »18 (Jean Noli)
5. Littérature
Crosland, Margaret: Piaf, Biographie. Berlin: Ullstein, 1997
Duclos, Pierre: Piaf. Paris: Editions du Seuil, 1995
Laframboise, Philippe: Edith Piaf, La chanteuse du siècle.
Les Editions des Amitiés Franco-Québécoises, 2000
Monserrat, Joëlle : Edith Piaf. « Non, je ne regrette rien.
» München : Wilhelm Heyne Verlag, 1992
6. Annexe
La musique française: http://www.frmusique.ru/texts/p/piaf_edith/piaf.htm
[27.12.2007]
Sérénade Du Pavé
1 Si je chante sous ta fenêtre
2 Ainsi qu’un galant troubadour
3 Et si je veux t’y voir paraître
4 Ce n’est pas, hélas, par amour
5 Que m’importe que tu sois belle
6 Duchesse, ou lorette aux yeux doux
7 Ou que tu laves la vaisselle
8 Pourvu que tu jettes deux sous
9 Sois bonne ô ma chère inconnue
10 Pour qui j’ai si souvent chanté
11 Ton offrande est la bienvenue
12 Fais-moi la charité
13 Sois bonne ô ma chère inconnue
14 Pour qui j’ai si souvent chanté
15 Devant moi, devant moi sois la bienvenue
16 L’amour, vois-tu, moi je m’en fiche
17 Ce n’est beau que dans les chansons
18 Si quelque jour je deviens riche
19 On m’aimera bien sans façons
20 J’aurais vite une châtelaine
21 Si j’avais au moins un château
22 Au lieu d’un vieux tricot de laine
23 Et des bottines prenant l’eau
24 Sois bonne ô ma chère inconnue
25 Pour qui j’ai si souvent chanté
26 Ton offrande est la bienvenue
27 Fais-moi la charité
28 Sois bonne ô ma chère inconnue
29 Pour qui j’ai si souvent chanté
30 Devant moi, devant moi sois la bienvenue
31 Mais ta fenêtre reste close
32 Et les deux sous ne tombent pas
33 J’attends cependant peu de chose
34 Jette-moi ce que tu voudras
35 Argent, pain sec ou vieilles hardes
36 Tout me fera plaisir de toi
37 Et je prierai Dieu qu’il te garde
38 Un peu mieux qu’il n’a fait pour moi
39 Sois bonne ô ma chère inconnue
40 Pour qui j’ai si souvent chanté
41 Ton offrande est la bienvenue
42 Fais-moi la charité
43 Sois bonne ô ma chère inconnue
44 Pour qui j’ai si souvent chanté
45 Devant moi, devant moi sois la bienvenue…
Il n'est pas distingué
1 Zidor qu'on s'arrache à la ronde,
2 C'est un titi sans instruction
3 Mais qui fait fureur dans le grand monde.
4 C'est un as de l'accordéon.
5 Entre deux javas populaires,
6 Les marquises, les baronnes, s'inquiètent tour à tour
7 De ses idées particulières,
8 Ses pensées sur la femme et ses vues sur l'amour.
9 Zidor n'emploie pas les mots sophistiqués
10 Mais leur dit : "J'vais vous expliquer :
11 L'amour c'est rudement compliqué.
12 Y a rien comme les gonzesses
13 Pour vous l'faire rechiquer.
14 Un coup d'chance, on a fabriqué
15 Un rancart et l'on a l'palpitant culbuté.
16 Moi, j'ai les pieds plats pour douiller
17 Et quand une poule se gourre
18 Que j'vas les envoyer...
19 J'y refile en poire "Va te laver".
20 J'renkiff mon benard et j'resbigne en louss'dé."
21 Il n'est pas distingué...
22 Quelqu'un lui d'mande : "Pardon si j'ose
23 Solliciter un autre avis.
24 Vous amusâtes-vous la même chose
25 Avec Topaze qu'avec Fanny ?
26 Vous réjouissez-vous davantage
27 Avec Paganini qu'avec Nina Rosa ?"
28 "Ah bah !" fait Zidor "C'est dommage
29 Mais j'vous jure que j'connais pas toutes ces gonzesses-là."
30 Quand il s'aperçut qu'il avait détonné,
31 Il reprit sans plus s'extasier :
32 "L'théatre c'est bon pour les nichés.
33 L'musical c'est pas mal, mais j'préfère le ciné.
34 J'aime mieux voir la bouille à Bouboule
35 Qu'une vieille poule qui s'écroule
36 Et qu'y faut faire étayer.
37 J'regrette pas mes trois larantquès,
38 Quand j'vois Liliane Harvey et Garat s'embrasser
39 Et l'soir j'm'endors dans mon pucier
40 En rêvant que Marlène m'a pris comme régulier."
41 Il n'est pas distingué !
42 Sur le gâchis diplomatique,
43 On daigne l'interviewer aussi
44 Mais Zidor devient pathétique
45 Quand Hitler est sur le tapis.
46 Quelqu'un fait : "C'est l'type spécifique
47 D'l'historien désaxé au faciès hilarant,
48 Mégalomane pathologique, indiscutablement,
49 Un rétro déficient... "
50 Au premier abord ça paraît compliqué
51 Mais Zidor vient tout expliquer :
52 "D'abord y a qu'à pas s'dégonfler.
53 Moi, Hitler, j'l'ai dans l'blerre
54 Et j'peux pas le renifler.
55 Les nazis ont l'air d'oublier
56 Qu'c'est nous, dans la bagarre,
57 Qu'on les a dérouillés...
58 Moi si j'le poissais à jacter,
59 J'y ferais : Marr' de bobards.
60 Y faut les envoyer.
61 Si t'es nazi, va t'faire piquoûzer
62 Et pis j'y balancerais ma godasse dans l'fouign'dé."
63 Il n'est pas distingué.
Où sont-ils, tous mes copains ?
1 Où sont-ils, tous mes copains
2 Qui sont partis un matin
3 Faire la guerre ?
4 Où sont-ils, tous mes p'tits gars
5 Qui chantaient : "On en r'viendra,
6 Faut pas s'en faire."
7 Les tambours et les clairons
8 Accompagnaient leur chanson
9 Dans l'aube claire.
10 Où sont-ils, tous mes copains
11 Qui sont partis un matin
12 Faire la guerre ?
13 Je connaissais des p'tits gars de Saint-Cloud.
14 Je connaissais des gars de la Villette.
15 Je connaissais des gars d'un peu partout.
16 Pas un de ceux-là n'a fait la mauvaise tête.
17 Y'en avait d'Ménilmontant.
18 Y'en avait des gars d'vingt ans.
19 Tous ont répondu : "Présent !"
20 Et sont partis en chantant...
21 Je connaissais un p'tit gars de Saint-Cloud.
22 Ses yeux rieurs m'avaient tourné la tête.
23 Il était grand et me plaisait beaucoup.
24 Quand je l'ai connu, pour moi ce fut ma fête.
25 Comm' les gars d'Ménilmontant,
26 Il a répondu : "Présent".
27 Lui aussi avait vingt ans,
28 Il est parti en chantant :
29 Où est-il, mon p'tit copain
30 Qui est parti un matin
31 Faire la guerre ?
32 C'était un gentil p'tit gars
33 Qui chantait : "On en r'viendra,
34 Faut pas s'en faire."
35 Les tambours et les clairons
36 Accompagnaient sa chanson
37 Dans l'aube claire.
38 Où est-il mon p'tit copain,
39 Qui est parti un matin
40 Faire la guerre ?
41 Je sais qu'un jour, les p'tits gars de Saint-Cloud,
42 Je sais qu'un jour, les gars de la Villette,
43 Je sais qu'un jour, les gars d'un peu partout,
44 Reviendront : Alors, ce sera jour de fête.
45 Tous les gars d'Ménilmontant
46 Ramèneront leurs vingt ans,
47 Tous ensembl' crieront : "Présent !"
48 Et reviendront en chantant :
49 Les voilà mes p'tits copains
50 Qui sont partis un matin
51 Faire la guerre.
52 Les voilà tous ces p'tits gars
53 Qui chantaient : "On en r'viendra,
54 Faut pas s'en faire."
55 On entendra les garçons
56 Chanter de belles chansons.
57 Tout sera clair,
58 Le voilà mon petit copain,
59 Qui est parti un matin
60 Faire la guerre.
61 {Coda:} Le voilà ! Les voilà !
Tous Les Amoureux Chantent
1 Dans la rue,
2 Tous les amoureux chantent,
3 Tous les amoureux chantent
4 Des chansons de la rue.
5 Par-dessus,
6 Le soleil les inonde
7 Et la foule et le monde
8 Les noient dans la cohue.
9 Dans la rue, Suzon avec Jean-Pierre
10 Chantent à leur manière
11 Des chansons de la rue.
12 Elle est si blonde…
13 Aussi blonde qu’un rayon de soleil.
14 Ses boucles vagabondent,
15 Découpent sur le ciel
16 Des auréoles rondes
17 Et lui…
18 Un petit gars de chez nous,
19 C’est tout.
20 Ils n’ont pas quarante ans à eux deux.
21 Vivent les amoureux de la rue!
22 Dans la rue,
23 Tous les amoureux chantent,
24 Tous les amoureux chantent
25 Des chansons de la rue.
26 Par-dessus,
27 Le soleil les inonde
28 Et la foule et le monde
29 Les noient dans la cohue.
30 Mais qu’y a-t-il dans la cohue,
31 Dans la cohue de la rue?
32 C’est Suzon qui court éperdue
33 Sans Jean-Pierre… sans Jean-Pierre…
34 Éperdue…
35 Dans la rue,
36 Suzon pleure, pleure son amour.
37 Attention…
38 Autos, vélos klaxonnent.
39 On sonne, on siffle, on crie Attention!
40 Un coup de freins…
41 Dans la rue,
42 Tous les amoureux pleurent,
43 Tous les amoureux pleurent
44 Dans la rue.
45 Par-dessus,
46 Le soleil et la ronde,
47 La folle ronde,
48 De monde qui rit
49 Car la cohue se moque des amoureux
50 Qui meurent,
51 Qui meurent dans la rue…
La Fête Continue
1 La fête bat son plein, musique et manèges,
2 Nougats, carabines, voyantes, femmes nues.
3 Du matin au soir, c’est un long cortège:
4 Chansons, balançoires, la fête continue…
5 A l’étage en-dessous, y a des gosses qui braillent.
6 Le père est malade, la mère est partie.
7 Il fout des taloches à toute la marmaille
8 Mais le bruit de la fête couvre tous leurs cris.
9 Au-dessus, deux jeunes gens. Faut voir comme ils s’aiment,
10 Oui, mais leurs parents ne veulent rien savoir.
11 Ils ont décidé qu’ils s’aimeraient quand même
12 Et qu’ils se tueraient… et c’est pour ce soir…
13 La fête bat son plein, musique et manèges,
14 Nougats, carabines, voyantes, femmes nues.
15 Du matin au soir, c’est un long cortège:
16 Chansons, balançoires, la fête continue…
17 Plus haut, c’est une veuve. Plus rien ne l’intéresse.
18 Elle n’avait qu’un fils, c’était toute sa vie
19 Il a disparu, emportant la caisse.
20 Depuis ce temps-là, elle pleure jour et nuit.
21 Le petit garçon qui sort de l’école
22 A eu un zéro, il sera puni
23 Et dimanche prochain, c’est ça qui le désole,
24 Au lieu de la fête, il restera chez lui.
25 La fête bat son plein, musique et manèges,
26 Nougats, carabines, voyantes, femmes nues.
27 Du matin au soir, c’est un long cortège:
28 Chansons, balançoires, la fête continue…
29 En face les petits vieux qui sont bien aimables
30 Ont perdu leur fille depuis vingt-cinq ans.
31 Ils n’ont qu’une marotte: faire tourner les tables.
32 Esprit, es-tu là?... Et ils sont contents…
33 Et moi comme tout le monde, j’assiste à ces drames
34 Mais je ferme les yeux, je pense à mon bonheur.
35 Nous nous sommes donnés tout deux corps et âme.
36 On est trop heureux pour avoir du coeur…
37 La fête bat son plein, musique et manèges,
38 Baisers, carabines, “Je t’aime”, femme nues.
39 Du matin au soir, c’est un long cortège:
40 Amour, balançoires, la fête continue…
Monsieur Lenoble
1 Monsieur Lenoble est très triste
2 Depuis que sa femme l'a quitté
3 Avec un tout jeune artiste
4 Qu'elle a connu cet été
5 Et monsieur Lenoble écoute
6 La mélodie qu'elle aimait
7 Ces quelques notes goutte à goutte
8 L'empoisonnent à jamais
9 La-la-la...
10 T'as pas profité de ta chance
11 Mon ami, mon ami
12 Tu avais trop de confiance
13 C'est fini, c'est fini
14 T'avais une femme merveilleuse
15 Si jolie, si jolie
16 T'as pas su la rendre heureuse
17 T'es tout seul, elle est partie...
18 Monsieur Lenoble raisonne
19 Il pense à tout ce qu'il a fait
20 Ses intentions étaient bonnes
21 Même s'il n'était pas parfait
22 Peut-être pas très bon caractère
23 Il s'emportait pour un rien
24 Mais au bureau, ses confrères
25 Le trouvaient un homme très bien
26 Très bien... très bien... très bien...
27 T'as pas profité de ta chance
28 Mon ami, mon ami
29 Tu avais trop de confiance
30 C'est fini, c'est fini
31 T'avais une femme merveilleuse
32 Si jolie, si jolie
33 T'as pas su la rendre heureuse
34 T'es tout seul, elle est partie...
35 Monsieur Lenoble se mouche
36 Met sa chemise de nuit
37 Ouvre le gaz et se couche
38 Demain, tout sera fini
39 Et monsieur Lenoble pense
40 A celle qu'il adorait
41 Et monsieur Lenoble pense
42 A celle qu'il adorait...
43 T'as pas profité de ta chance
44 Mon ami
45 Tu avais trop de confiance
46 C'est fini...
47 T'avais une femme merveilleuse
48 Si jolie...
49 T'as pas su la rendre heureuse
50 Tu avais trop de confiance...
51 Trop de confiance... trop de confiance
52 Confiance... Confiance...
Et ça gueule ça madame
1 C'est haut comme ça...
2 Non ... J'exagère...
3 Mettons, comme ça...
4 Enfin ... à peu près ça !
5 Ça paie pas d'mine,
6 Mais nom d'un chien !
7 Ça tient d'la place
8 Ce bout de rien...
9 {Refrain:}
10 Et ça gueule, ça, madame
11 On n'entend qu'elle, dans la maison
12 Y a pas, faut qu'elle se cherche des raisons
13 De ça, elle en fait tout un drame !
14 Et ça gueule, ça, madame
15 Elle me dit de toute sa hauteur :
16 "Faudrait pas croire que tu m'fais peur !"
17 Elle est crispée, elle tape du pied !
18 Elle sort ses griffes, elle ouvre ses yeux
19 Ça bouge, ça crie, c'est tout furieux
20 J'ai envie de la prendre dans mes bras
21 Et de la serrer tout contre moi ...
22 Mais ... ça gueule, ça, madame !
23 Moi, ça me fait rire, mais en dedans,
24 D'abord, je suis un gentleman,
25 Et c'est plus prudent !
26 2 - Pour la calmer, je cherche un truc
27 Je me dis, voyons ...
28 Je vais lui donner raison !
29 Et je lui dis : "Eh ben! C'est moi qui ai tort !"
30 "Ah ! tu l'avoues! " qu'elle dit.
31 Alors ... tut-tut-tut...
32 {Refrain:}
33 Et ça re-gueule, ça, madame
34 Même quand tout valse dans la maison
35 Y a pas, faut qu'elle cherche des raisons
36 De ça, elle en fait tout un drame
37 Et ça gueule, ça, madame !
38 Elle m'arrive là, juste à mon cœur,
39 Alors, des fois, pour lui faire peur,
40 Je serre les poings, je lève la main...
41 Elle a regard tellement surpris
42 Qu'on dirait que ses yeux sont punis !
43 Alors, bien sûr, j'ouvre les bras
44 Et elle se jette tout contre moi.
45 Et ça pleure, ça, madame
46 On cherche partout un grand mouchoir
47 Pour y cacher son désespoir
48 Qui fait peine à voir...
49 Je la console et je la mouche
50 Un peu après j'embrasse sa bouche
51 Je la reprends tout contre moi
52 Et je l'enferme dans mes bras...
53 Elle se fait petite, petite...
54 Mais alors, toute petite ...
55 Pour un peu, ça dirait "pardon"...
56 Oh ! Mais c'est pas fier, ça, madame !
57 C'est tout de même une satisfaction
58 Lui faire admettre qu'elle a tort
59 Et que je suis l'plus fort...
60 "JACQUES !!! Tu viens, oui ? ! ..."
Demain (il fera jour)
1 Demain il fera jour
2 C'est quand tout est perdu
3 Que tout commence
4 Demain il fera jour
5 Après l'amour
6 Un autre amour commence
7 Un petit gars viendra en sifflotant
8 Demain...
9 Il aura les bras chargés de printemps
10 Demain...
11 Les cloches sonneront dans votre ciel
12 Demain...
13 Tu verras la lune de miel briller
14 Demain...
15 Car demain:
16 Tu vas sourire encore
17 Aimer encore, souffrir encore
18 Toujours...
19 Demain il fera jour
20 Dans ton coeur brisé pour toujours
21 Il reste encore de l'amour
22 Tu crois ta douleur si profonde
23 Que ta vie va s'arrêter là...
24 La plus belle fille du monde
25 Peut toujours donner plus qu'elle a...
26 Demain il fera jour
27 C'est quand tout est perdu
28 Que tout commence
29 Demain il fera jour
30 Après l'amour
31 Un autre amour commence
32 Un petit gars viendra en sifflotant
33 Demain...
34 Il aura les bras chargés de printemps
35 Demain...
36 Les cloches sonneront dans votre ciel
37 Demain...
38 Tu verras la lune de miel briller
39 Demain...
40 Car demain:
41 Tu vas sourire encore
42 Aimer encore, souffrir encore
43 Toujours...
44 Demain il fera jour
45 Demain...
Non, je ne regrette rien
1 Non, rien de rien
2 Non, je ne regrette rien
3 Ni le bien qu'on m'a fait, ni le mal
4 Tout ça m'est bien égal
5 Non, rien de rien
6 Non, je ne regrette rien
7 C'est payé, balayé, oublié
8 Je me fous du passé
9 Avec mes souvenirs
10 J'ai allumé le feu
11 Mes chagrins, mes plaisirs
12 Je n'ai plus besoin d'eux
13 Balayés mes amours
14 Avec leurs trémolos
15 Balayés pour toujours
16 Je repars à zéro
17 Non, rien de rien
18 Non, je ne regrette rien
19 Ni le bien qu'on m'a fait, ni le mal
20 Tout ça m'est bien égal
21 Non, rien de rien
22 Non, je ne regrette rien
23 Car ma vie
24 Car mes joies
25 Aujourd'hui
26 Ça commence avec toi...
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